La jeune Farah, qui pense être une fille, découvre qu’elle n’a pas tous les attributs attendus, et que son corps tend à se viriliser insensiblement. Syndrome pathologique ? Mutation ou métamorphose fantastique ? Elle se lance dans une grande enquête troublante et hilarante : qu’est-ce qu’être une femme ? Un homme ? Et découvre que personne n’en sait trop rien.
Elle et ses parents ont trouvé refuge dans une communauté libertaire qui rassemble des gens fragiles, inadaptés au nouveau monde, celui des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Et Farah grandit dans ce drôle de paradis avec comme terrain de jeu les hectares de prairies et forêts qu’elle partage avec les animaux et les enfants de la communauté qui observent les adultes mettre tant bien que mal en pratique leurs beaux principes : décroissance, anti-spécisme, naturisme, amour libre et pour tous, y compris pour les disgraciés, les vieux, les malades. Emmanuelle Bayamack-Tam livre un grand roman à la fois doux et cruel, comique, et surtout décapant, sur l’innocence et le monde contemporain. Farah, sa jeune héroïne, découvre l’amour avec Arcady, le chef spirituel et enchanteur de ce familistère. Elle apprend non seulement la part trouble de notre identité et de notre sexualité, mais également, à l’occasion d’une rencontre avec un migrant, la lâcheté, la trahison. Ce qui se joue dans son phalanstère, c’est ce qui se joue en France à plus grande échelle. Arcady et ses ouailles ont beau prêcher l’amour, ils referment les portes du paradis au nez des migrants. Pour Farah c’est inadmissible : sa jeunesse intransigeante est une pierre de touche pour mettre à l’épreuve les beaux principes de sa communauté. Comme toutes nos peurs et illusions sur l’amour, le genre et le sexe.
Éditeur : P.O.L
Critiques
- In fine, alternant ironie mordante et douce bienveillance, langue poétique et parler cru, Emmanuelle Bayamack-Tam aborde tous les enjeux contemporains, qu’ils soient éducatifs, technologiques, sexuels, écologiques, ou encore migratoires. Du bel ouvrage.
L’Express n° 3513, Marianne Payot, 31 octobre 2018 - L’écriture d’un roman relève pour elle « de l’escapisme ». Pas question d’adopter une écriture blanche qu’elle trouve sentir « la sueur » et l’élagage, elle préfère nettement les « impuretés » et quand « ça déraille ». […] Pimenté et moderne, le résultat final ne devrait laisser indifférent ni les lecteurs ni les jurés des prix d’automne.
Lire n° 468, Alexandre Fillon, septembre 2018 - La romancière mène ce roman d’apprentissage casse-cou à la baguette d’un style dru, juteux, voluptueux, satirique, lyrique. Une écriture pastèque à plus d’un titre. Fi du réalisme pleureur et autobiographique d’aujourd’hui ! Aucune saveur ne manque à ce roman fruité, rebelle et bariolé.
Le Figaro n° 23055, Patrick Grainville, 27 septembre 2018 - L’inventivité et le foisonnement thématique d’Emmanuelle Bayamack-Tam ne suffiraient toutefois pas à rendre ses livres si remarquables s’il n’y avait son étonnante érudition littéraire, et sa façon de bourrer ses textes de citations. Le nombre d’auteurs cités en fin de volume, une cinquantaine, laisse pantois.
Les Inrockuptibles n° 1187, Sylvie Tanette, 29 août 2018
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