« Pour mourir libre, il faut vivre libre. » La vie et la mort s’entrelacent au cœur de ce « Manifesto » pour un père bientôt disparu. Proche de son dernier souffle, le corps de Félix repose sur son lit d’hôpital. À son chevet, sa fille Léonor se souvient de leur pas de deux artistique – les traits dessinés par Félix, peintre et sculpteur, venaient épouser les notes de la jeune apprentie violoniste, au milieu de l’atelier. L’art, la beauté et la quête de lumière pour conjurer les fantômes d’une enfance tôt interrompue.
Pendant cette longue veille, l’esprit de Félix s’est échappé vers l’Espagne de ses toutes premières années, avant la guerre civile, avant l’exil. Il y a rejoint l’ombre d’Ernest Hemingway. Aujourd’hui que la différence d’âge est abolie, les deux vieux se racontent les femmes, la guerre, l’œuvre accomplie, leurs destinées devenues si parallèles par le malheur enduré et la mort omniprésente.
Les deux narrations, celle de Léonor et celle de Félix, transfigurent cette nuit de chagrin en un somptueux éloge de l’amour, de la joie partagée et de la force créatrice comme ultime refuge à la violence du monde.
Éditeur original : Sabine Wespieser
Critiques
- Comme toujours, l’écriture de Léonor de Récondo est délicate, précise, sans effet superflu. Si cette chronique d’une mort annoncée n’est pas pesante, ni éprouvante pour le lecteur, c’est parce qu’elle alterne deux récits : celui de la nuit à l’hôpital et les retrouvailles de Félix avec son vieil ami « Ernesto » (Hemingway).
Lire n° 472, Josyane Savigneau, février 2019 - Là est la réussite de Manifesto – s’enfermer dans le récit glauque d’une cérémonie des adieux. Chez elle, la fiction enjambe le réel […]. Manifesto est une prière. Un Salve Maria sincère suffit à vous sauver de votre mort.
Le Figaro n° 23167, Emilie Dubrul, jeudi 7 février 2019 - Elle retient leur voix à tous, en une belle polyphonie, qui prolonge le souvenir de chacun. Rendant un hommage bouleversant à son père, elle fait d’un livre de deuil un vibrant manifeste pour la vie. Et, en une vision solaire, elle réunit tous ceux qui ont participé à la trame de son existence, dans un paysage radieux que célèbre un choeur harmonieux.
Le Monde, Monique Petillon, 22 février 2019 - Manifesto est un livre à deux narrations, comme deux tempos. […] Abolissant le temps, célébrant la filiation comme rarement, Manifesto est une ode d’une déchirante douceur et un grand geste d’artiste.
Causette n° 96, Hubert Artus, janvier 2019 - On aime, chez Léonor de Récondo, sa manière audacieuse de bousculer ses personnages dans leurs fondements pour mettre au jour leur nature profonde. […].
Léonor de Récondo a su transfigurer le déchirement en communion des êtres dans un récit intense et lumineux où résonne cette belle épitaphe : « On meurt, c’est tout, et on agrandit l’âme de ceux qui nous aiment. »
Elle n° 3812, Jeanne de Ménibus, 11 janvier 2019
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