Littérature

Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main

Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main

« Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage. »

Éditeur original : Verticales

Critiques

  • On retrouve l’auteure de Naissance d’un pont (2010) et Corniche Kennedy (2008) dans la perfection de son talent à saisir ce qui anime les êtres lorsqu’ils sont embarqués dans une aventure.
    Lire n° 467, juillet-août 2018
  • Néanmoins, ce roman, comme tous ceux de Maylis de Kerangal, est rigoureusement réaliste, calqué sur le monde contemporain. […] Maylis de Kerangal a réussi un roman magnifique où les êtres humains, comme des étoiles filantes, se dis­solvent dans l’univers.
    Le Figaro n° 23037, Astrid de Larminat, 6 septembre 2018
  • Puissante réflexion sur les pouvoirs de la mimèsis, le texte balaie d’un revers de main la question de la hiérarchie des valeurs entre l’art et l’artisanat.
    Transfuge n° 121, Alice Archimbaud, septembre 2018
  • Une succession de scènes alignées avec minutie, où le programme de l’auteure est trop lisible pour que la narration s’émancipe. […] L’auteure applique un principe d’écriture rigide – décortiquer chaque détail, mouvement ou geste, quel qu’il soit. Tout ceci pour finalement perdre l’essentiel : ce qui fait toute la magie d’un roman.
    Les Inrockuptibles n° 1187, Sylvie Tanette, 29 août 2018

Comment here