Littérature

Serge Joncour, Chien-Loup

Serge Joncour, Chien-Loup

L’idée de passer tout l’été coupés du monde angoissait Franck mais enchantait Lise, alors Franck avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L’annonce parlait d’un gîte perdu au milieu des collines, de calme et de paix. Mais pas du passé sanglant de cet endroit que personne n’habitait plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale. Et pas non plus de ce chien sans collier, chien ou loup, qui s’est imposé au couple dès le premier soir et qui semblait chercher un maître. En arrivant cet été-là, Franck croyait encore que la nature, qu’on avait apprivoisée aussi bien qu’un animal de compagnie, n’avait plus rien de sauvage ; il pensait que les guerres du passé, où les hommes s’entretuaient, avaient cédé la place à des guerres plus insidieuses, moins meurtrières. Ça, c’était en arrivant.

Serge Joncour raconte l’histoire, à un siècle de distance, d’un village du Lot, et c’est tout un passé peuplé de bêtes et anéanti par la guerre qu’il déterre, comme pour mieux éclairer notre monde contemporain. En mettant en scène un couple moderne aux prises avec la nature et confronté à la violence, il nous montre que la sauvagerie est toujours prête à surgir au cœur de nos existences civilisées, comme un chien-loup.

Éditeur original : Flammarion

Critiques

  • Roman où l’on crapahute, sue et saigne, aboie et feule, Chien-Loup est un bain rural et sensoriel. En résulte un portrait des mentalités sur plusieurs décennies, tracé à la manière de Joncour, robuste et tendre, avec les ingrédients que nous aimons chez cet écrivain.
    Libération n° 11613, Virginie Bloch-Lainé, 29 et 20 juillet 2018
  • Cet ogre des mots ne fait pas dans le selfie littéraire. […] Entre évocation fantastique et récit contemporain, Chien-Loup est une magnifique allégorie de nos vies rabotées par la « modernité ».
    Le Figaro n° 23067, Arnaud de la Grange, 11 octobre 2018
  • Une diabolique alternance de chapitres va ensuite doper portraits et intrigues, en réveillant l’esprit des lieux, racontant et éclairant chaque époque à travers ses guerres (militaire et économique) […]. Frondeur comme jamais, l’écrivain reste incurablement malicieux et baladeur, pour nous mener jusqu’au cœur insoupçonné du village, du drame initiatique, de l’Histoire.
    Lire n° 467, juillet-août 2018
  • Habité par l’œuvre de Giono, Joncour restitue la nature dans un style remarquable. […] On sent que ce onzième livre est son favori.
    Paris Match n° 3616, Valérie Trierweiler, 30 août 2018

Comment here