Littérature

Capucine et Simon Johannin, Nino dans la nuit

Capucine et Simon Johannin, Nino dans la nuit

« J’ai la tête, les yeux et la bouche qui crament, j’ai avalé des braises qui me font des trous partout. Des trous dans le sol quand j’avance, des trous dans les phrases que je veux dire à des gens qui ont des trous dans le visage quand je les regarde. »
Dès les premières pages, le hurlement du sergent résonne pour longtemps­ dans vos oreilles : « Tout le monde en rang, à l’ordinaire. Mâchez bien sinon vous allez nous cimenter les chiottes, et c’est pas moi qui irai les déboucher, compris ? »
Le sergent ? Oui, le sergent, celui qui recrute les futurs légionnaires. Nino, dix-neuf ans, figure parmi les volontaires, groupe d’hommes venus des quatre coins du monde afin de recevoir, coûte que coûte, une solde, pour pouvoir s’en sortir. La Légion, c’est l’apprentissage d’un code d’honneur autant que celui d’une langue. Hélas, Nino ne passera pas l’épreuve puisqu’il échouera brillamment au test de dépistage. De retour, Nino enchaîne les petits boulots. Une vie de débrouille criblée par les flashs de fêtes étourdissantes, par les personnages qui surgissent et les histoires qu’ils racontent.

Après L’Été des charognes, premier roman fulgurant et remarqué, la langue est vive, les dialogues mordants : « Nino dans la nuit » bouillonne­, cingle une histoire à cent à l’heure et dessine, à travers le destin chaotique­ de son héros, le portrait d’une génération qui tente de trouver sa place là où il n’y en a plus.

Éditeur original : Allia

Critiques

  • 280 pages d’une écriture stroboscopique, belle et puissantes comme une montée de MDMA, brutales comme une fête crépusculaire. Un texte aux airs de lettre d’amour ténébreuse pour raconter Nino et Lale.
    Les Inrockuptibles n° 1207, Léonard Billot, 16 janvier 2019
  • Probablement ce qu’on a lu de plus beau en ce début d’année. […] Contrairement à tant de jeunes auteurs n’ayant pas trouvé la formule magique, ce couple mêle formidablement ici un langage contemporain, une oralité d’aujourd’hui, et un style assurément littéraire.
    Technikart n° 229, Baptiste Liger, mars 2019
  • L’écriture de plus en plus épileptique de Capucine et de Simon Johannin, qui viennent tous les deux des arts graphiques et plastiques, se passe de fondus. Jusque dans sa composition cinématographique par coupes nerveuses, Nino dans la nuit est un texte qui joue avec la vitesse. […] Inépuisable, crue, inventive, riche de dialogues et d’images vives, leur prose hypnotise, langue dont l’inventivité porte sans faiblir cette génération incandescente.
    La Croix, Flora Moricet, 14 février 2019
  • Roman de galériens magnifiques filant au vent de leur jeunesse, écrit à quatre caresses par un couple de vingtenaires […]. Une nouvelle lutte contre les lois de l’attraction du béton, ponctuée de longs shoots poétiques ; un clair-obscur à lire façon livre-éclipse, phénomène toujours assez rare pour être captivant.
    Libération n° 11718, Antonin Iommi-Amunategui, 2 et 3 février 2019
  • Dans un lyrisme noir, « Nino dans la nuit » évoque « Mendiants et orgueilleux », d’Albert Cossery, cité en exergue, « Dans la dèche à Paris et à Londres », de George Orwell, et les kids de Harmony Korine.
    Elle n° 3811, Marguerite Baux, 4 janvier 2019

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