Littérature

Mathilde Forget, À la demande d’un tiers

Mathilde Forget, À la demande d'un tiers

« La folie n’est pas donnée à tout le monde. Pourtant j’avais essayé de toutes mes forces. » C’est le genre de fille qui ne réussit jamais à pleurer quand on l’attend. Elle est obsédée par Bambi, ce personnage larmoyant qu’elle voudrait tant détester. Et elle éprouve une fascination immodérée pour les requins qu’elle va régulièrement observer à l’aquarium. Mais la narratrice et la fille avec qui elle veut vieillir ont rompu. Elle a aussi dû faire interner sa sœur Suzanne en hôpital psychiatrique. Définitivement atteinte du syndrome du cœur brisé, elle se décide à en savoir plus sur sa mère, qui s’est suicidée lorsqu’elle et Suzanne étaient encore enfants.
Elle retourne sur les lieux, la plus haute tour du château touristique d’où sa mère s’est jetée. Elle interroge la famille, les psychiatres. Aucun d’eux ne porte le même diagnostic. Quant aux causes : « Ce n’est pas important de les savoir ces choses-là, vous ne pensez pas ? » Déçue, méfiante, elle finit par voler des pages du dossier médical qu’on a refusé de lui délivrer.
Peu à peu, en convoquant tour à tour Blade Runner, la Bible ou l’enfance des tueurs en série, en rassemblant des lettres écrites par sa mère et en prenant le thé avec sa grand-mère, elle réussit à reconquérir quelques souvenirs oubliés.
Mais ce ne sont que des bribes. Les traces d’une enquête où il n’y a que des indices, jamais de preuves.

La voix singulière de Mathilde Forget réussit à faire surgir le rire d’un contexte sinistre et émeut par le moyen détourné de situations cocasses. Sur un ton à la fois acide et décalé, elle déboussole, amuse et ébranle le lecteur dans un même élan.

Éditeur original : Grasset

Critiques

  • Chez l’auteure, compositrice et interprète qui fait d’impressionnants débuts littéraires, tout est porté par une voix, un univers. Une singularité qui est la marque d’un écrivain déjà en pleine possession de ses moyens.
    Les Échos Week-end n° 23017, Alexandre Fillon, 23 août 2019
  • Dans ce beau roman en forme de jeu de piste, empreint de références à la pop culture, une jeune femme enquête sur le suicide de sa mère, atteinte de troubles psychiatriques.
    L’Humanité, Sophie Joubert, 20 août 2019
    Avec ce premier roman court et intense, la romancière ne s’encombre pas d’une narration linéaire, livrant par morceaux, comme le fait la mémoire, les épisodes qui permettent de reconstituer le puzzle d’une histoire. L’écriture est musclée, rythmée comme une balade musicale. Le propos jamais larmoyant, au contraire, l’humour irrigue sans cesse cette tragédie racontée avec tendresse.
    France Télévisions, Laurence Houot, 20 août 2019
  • « À la demande d’un tiers », le premier roman de Mathilde Forget, est un douloureux livre du deuil, et de la peur de la folie, déguisé en amusant précis d’inadéquation au monde.
    Le Monde n° 23256, Raphaëlle Leyris, 18 octobre 2019

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