Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu’ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d’interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l’un d’entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.
Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence.
Éditeur original : P.O.L
Critiques
- L’auteur montre bien dans quel désarroi il laisse les amis, l’épouse et les enfants. Et, plus tard, les petits-enfants, puisqu’il motivera toute l’entreprise littéraire de Santiago Amigorena, dont chacun des livres, depuis plus de vingt ans, a été écrit « pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ».
Telerama n° 3633, Stéphane Ehles, 28 août 2019, TTT - Avec « Le Ghetto intérieur », on passe à un niveau supérieur, celui du roman des origines. C’est un ton nouveau. Fini la première personne du singulier ! Nous sommes en 1940, et un personnage attachant nous entraîne dans son histoire […]. Santiago H. Amigorena révèle ici des chagrins de famille, pose des mots simples et neufs sur le traumatisme collectif, relie l’intime et l’universel.
Elle n° 3845, Hélèna Villovitch, 30 août 2019 - C’est avec « Le ghetto intérieur » qu’Amigorena livre véritablement l’origine de ses silences intimes, grâce à un pas de côté hors de la triste autobiographie.
Le Point n° 2452, Sophie Pujas, 29 août 2019 - « Le Ghetto intérieur », sélectionné pour le Renaudot et le Goncourt, est étouffant et bouleversant.
Les Echos n° 23028, Thierry Gandillot, 9 septembre 2019 - Avec « Le Ghetto intérieur », le romancier Santiago H. Amigorena rejoint Primo Levi, Jorge Semprun ou Imre Kertész en apportant sa pierre à l’édifice littéraire qui œuvre pour la mémoire de toutes les victimes de la Shoah, et au-delà, de l’humanité. Un grand livre.
France TV Info, Laurence Houot, 24 septembre 2019 - En faisant parler ce grand-père, Santiago Amigorena comprend certainement les sources de ce « silence qui [l]’étouffe » depuis qu’il est né. Mais les mots qu’il trace sur sa page …] font bien plus que cela : ils le conjurent, pour ne plus transmettre un symptôme, mais une mémoire.
Le Monde n° 23244, Florence Bouchy, 4 octobre 2019
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