À l’été 1930, sur l’île Blanche, la plus reculée de l’archipel du Svalbard, une exceptionnelle fonte des glaces dévoile des corps et les restes d’un campement de fortune. Ainsi se résout un mystère en suspens depuis trente-trois ans : en 1897, Salomon August Andrée, Knut Frænkel et Nils Strindberg s’élevaient dans les airs, déterminés à atteindre le pôle Nord en ballon – et disparaissaient. Parmi les vestiges, on exhume des rouleaux de pellicule abîmés qui vont miraculeusement devenir des images.
À partir de ces photographies au noir et blanc lunaire et du journal de bord de l’expédition, Hélène Gaudy imagine la grande aventure d’un envol et d’une errance. Ces trois hommes seuls sur la banquise, très moyennement préparés, ballottés par un paysage mobile, tenaillés jusqu’à l’absurde par la joie de la découverte et l’ambition de la postérité, incarnent l’insatiable curiosité humaine qui pousse à parcourir, décrire, circonscrire et finalement rétrécir le monde. Livre d’une richesse inépuisable, aussi poétique que passionnant, Un monde sans rivage propose un voyage opiniâtre dans les étendues blanches du Grand Nord, un périple à travers le temps en compagnie de ces trois explorateurs et de bien d’autres intrépides, une méditation sur l’effacement et une déclaration d’amour à la photographie dans ses deux mouvements d’aval et d’amont : fixer les souvenirs et réactiver perpétuellement la machine à rêves.
Éditeur original : Actes Sud
Critiques
- Hélène Gaudy, dont le livre contient quelques pages splendides sur les processus de la chimie de la photographie, sur ces mutations de la matière et de la lumière qui font advenir l’image, écrit comme dans un laboratoire : elle développe. Fait apparaître nuances, dégradés, arrière-plans…Travaille à créer une image vivante.
Transfuge n° 131, Damien Aubel, septembre 2019 - À l’aide de ces clichés fantomatiques, et armée du journal de bord de l’expédition, Hélène Gaudy recrée sous nos yeux le périple de ces hommes inconscients, aveuglés jusqu’à l’absurde par la soif de notoriété […]. À la fois conte philosophique et épopée poétique, « Un monde sans rivage » continue de vous hanter longtemps après sa lecture. Comme un vieux souvenir qu’on aurait pris en photo.
Lire n° 478, Léonard Desbrières, septembre 2019 - C’est cette histoire qu’elle tisse dans un style d’une grande finesse […]. Ce roman superbe explore, lui, le destin de ces trois hommes, et l’histoire menacée des paysages, avec une infinie délicatesse.
Telerama n° 3633, Gilles Heuré, 28 août 2019, TT - Avançant avec profondeur et délicatesse dans le lent récit d’une expédition polaire ratée, Hélène Gaudy mène une réflexion sur la dimension mémorielle de la photographie[…]. Poursuivant sa réflexion poétique sur le rapport qu’entretient l’homme avec les territoires qu’il habite, elle offre ainsi à ses personnages perdus dans le Grand Nord un ancrage romanesque et posthume.
La Croix n° 41493, Fabienne Lemahieu, 29 août 2019
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