« Mon cœur ressemble à un arbre noir couvert d’oiseaux jaunes qui piaillent et me perforent la chair. » Tel est l’autoportrait brut et sans tabou d’un écrivain confronté à la disparition de ses parents. Assailli par les fantômes de son passé, il retrouve espoir dans le souvenir baigné de lumière jaune de leur amour et de la beauté d’antan. À travers l’évocation d’une famille modeste, c’est alors la peinture d’une certaine Espagne qui se révèle à nous dans toute sa complexité. L’appartenance à une classe sociale, l’éducation, l’alcoolisme ou encore la paternité sont autant de sujets traités ainsi de façon personnelle et collective à la fois.
Profondément sincère, bruyamment intime, merveilleusement écrit dans une langue à la fois poétique et crue, Ordesa se lit comme la catharsis d’un deuil impossible, celui de la mort de nos parents et de la fin d’une époque, une expérience pour le moins universelle.
Phénomène de librairie en Espagne, Ordesa a été désigné « Meilleur livre de l’année » par les grands quotidiens El País et El Mundo, imposant Manuel Vilas comme un écrivain majeur de la littérature espagnole.
Éditeur original : Éditions du sous-sol
Critiques
- Baignée de poésie, cette suite de courts tableaux doux amers livre en parallèle un portrait nostalgique de l’Espagne des années 1960 et 1970 […]. Intimiste à l’extrême, cette photographie évolutive d’une famille brisée est le grand livre d’un deuil impossible.
Le Monde n ° 23208, Ariane Singer, vendredi 23 août 2019 - Le récit navigue entre les répétitions et les contradictions ; il se moque d’être ordonné, centré, cadré, parfait. Il revendique le pathétique, se drape d’un humour désespéré […]. À ses propres parents, et peut-être à tous ceux qui n’ont laissé d’empreinte ni sur cette terre, ni dans l’Histoire, Manuel Vilas offre cette élégie folle, sarcastique et poignante.
Telerama n° 3633, Nathalie Crom, 28 août 2019, TTT - Dans ce projet littéraire ambitieux, assemblage de notes et de photos hors chronologie, Vilas analyse chaque souvenir et décrypte une famille où la haine n’est jamais loin de l’amour, où après des siècles de paysannerie des individus accèdent à la classe moyenne des années 1960 et s’en remettent mal.
Les Inrockuptibles n° 1237, 14 août 2019 - On ne sait pas de quoi est fait « Ordesa ». Mille et une choses. Parler de la douleur et en rire. Ordonner le chaos. Tisser de l’histoire nationale. […]. « Ordesa » est un grand livre car il est fait de ce qu’on ne dit pas en société. L’auteur détricote les légendes et les mensonges : on ne surmonte pas la pauvreté et on ne sait pas s’aimer.
Le Journal du Dimanche n° 3787, Marie-Laure Delorme, 11 août 2019 - Manuel Vilas convoque la pauvreté comme il convoque ses parents morts, de manière crue, simple, sans artifice, sincère. La sincérité, c’est ce que Manuel Vilas nous offre de plus précieux.
RTBF, Africa Gordillo, 11 septembre 2019 - Cri de détresse d’un homme dévoré de l’intérieur par ses souvenirs et ses regrets, « Ordesa » désarme par sa dignité et son courage, par sa prose hantée oscillant entre tendresse et colère, mêlant l’intime au destin d’une génération sacrifiée.
Lire n° 479, Laetitia Favro, octobre 2019
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