Littérature

Siri Hustvedt, Souvenirs de l’avenir

Siri Hustvedt, Souvenirs de l'avenir

En 1978, une jeune femme en quête d’aventure, S. H., s’installe à New York dans l’intention d’écrire son premier roman. Mais elle se voit bientôt distraite de ses projets par sa mystérieuse voisine, Lucy Brite, dont les propos aussi confus qu’inquiétants lui parviennent à travers la mince cloison de leur immeuble décrépi. S. H. se met à transcrire les étranges monologues de Lucy, où il est question de la mort brutale de sa fille et du besoin qui la taraude de châtier son assassin. Jusqu’à cette nuit de violence où Lucy fait irruption dans l’appartement de S. H.
Quarante ans plus tard, S. H. retrouve le journal qu’elle a tenu cette année-là et entame un récit autobiographique – Souvenirs de l’avenir – dans lequel elle juxtapose savamment les textes contenus dans le journal, les ébauches du roman qu’elle tentait d’écrire alors, et les commentaires que ces brouillons de jeunesse inspirent à la romancière chevronnée qu’elle est devenue, afin de créer un dialogue entre ses différents « moi » à travers les décennies.

Virtuose, incisif et poignant, le septième roman de Siri Hustvedt rassemble et magnifie les thèmes qui ont fait d’elle l’un des écrivains les plus reconnus de sa génération : le caractère faillible de la mémoire, la brutalité du patriarcat, les traumatismes qui livrent leurs secrets bien des années plus tard, l’œuvre du temps et la capacité de l’imaginaire à recréer le présent, voire à le guérir. Ce « portrait de l’artiste en jeune femme », voluptueuse superposition de récits, est un subtil alliage de réminiscences, de drôlerie et de magie narrative.

Éditeur original : Sceptre
Éditeur en français : Actes Sud
Prix Transfuge du meilleur roman américain – 2019

Critiques

  • À la fois essai […], autobiographie […], roman […] et fiction dans la fiction […], ce texte est un monde dans lequel le lecteur plonge avec bonheur. Lire des pages aussi chatoyantes, c’est comme sauter de pierre en pierre dans un ruisseau bondissant !
    Psychologies n° 401, Christilla Pellé-Douël, septembre 2019
  • Ce récit autobiographique fait se rencontrer et s’éclairer les différentes versions de la narratrice à travers le temps. Elle y parvient en juxtaposant des extraits de son journal, des ébauches du roman qu’elle écrivait alors, des commentaires que ces textes lui inspirent aujourd’hui et ses souvenirs traumatiques d’enfance. Le jeu de miroirs est vertigineux.
    Lire n° 478, Gladys Marivat, septembre 2019
  • Raconté sur un ton professoral qui risque de s’apparenter davantage à une critique culturelle qu’à de la fiction.
    The Guardian, Benjamin Evans, 10 mars 2019
  • Il y a une énergie féroce et intelligente à l’œuvre dans le texte […]. L’oppression des femmes par les hommes est le thème dominant : c’est comme si Hustvedt, chaque fois qu’elle essaie d’écrire quelque chose, se trouvait confrontée à la même chose.
    Independent, Philip Womack, 23 mars 2019
  • Son texte fonctionne comme une enquête confrontant à ses souvenirs des extraits de son journal intime et du roman qu’elle tentait d’écrire.
    Les Inrockuptibles n° 1243, Sylvie Tanette, 25 septembre 2019
  • À sa façon, « Souvenirs de l’avenir » est un roman monde. Le roman d’un monde, celui de l’écrivaine, livré dans toute sa complexité au lecteur. Siri Hustvedt nous invite à réenchanter la nostalgie, la mémoire d’une vie. À abolir le temps assassin, tout au long d’un livre palimpseste, palpitant et pénétrant.
    Les Échos week end, Philippe Chevilley, 28 septembre 2019
  • Dans « Souvenirs de l’avenir », la romancière et essayiste américaine Siri Hustvedt […] joue à l’envi avec ces interrogations, confirmant au passage la thèse de la philosophe Simone Weil pour qui notre vie réelle repose aux trois quarts sur l’imagination et la narration.
    Le Monde n° 23256, Florence Noiville, 18 octobre 2019

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