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Charles Burns, Dédales (tome 1)

Charles Burns, Dédales

Absorbé par l’image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s’aperçoit qu’il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L’esprit de Brian a déjà traversé l’espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plus étincelant, lorsqu’une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d’une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.

Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d’une série qui construit sa narration autour du rapport entre l’inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d’incroyables séquences où le rêve devient source d’inspiration de la fiction. Pour l’auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l’imagination et la réalité. Burns s’amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d’étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d’agir comme un miroir déformant de l’existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s’emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.

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Critiques

  • Si « Dédales » est une romance […], c’est surtout pour utiliser ce canevas afin de travailler sur le regard de l’autre et l’irrémédiable altérité qui sépare les êtres […]. « Dédales » remue l’ultime obsession burnsienne : la séparation du corps et de l’esprit, et l’idée que les forces qui agitent les océans intérieurs et inconscients sont si puissantes qu’elles peuvent remodeler l’extérieur.
    Libération n° 11877, Marius Chapuis, 10 et 11 août 2019
  • On l’a beaucoup dit, et ce nouvel album vient encore le confirmer, Burns est le cousin graphique de David Lynch […]. Mais aujourd’hui, on a plutôt envie de rapprocher cette enquête intime […] du stupéfiant roman roumain de Mircea Cãrtãrescu, « Solenoïde »
    Libération n° 11959, Didier Péron, 16 et 17 novembre 2019
  • Premier tome d’une nouvelle série, « Dédales » s’ouvre ainsi sur la vision du jeune Brian, alter ego assumé, réalisant un saisissant autoportrait où sa tête humaine est remplacée par celle d’un extraterrestre.
    Les Inrockuptibles n° 1245, Vincent Brunner, 9 octobre 2019
  • Burns y atteint un stade de plus dans son art de la séquence diffractée, de la représentation des émotions mixée avec des monstruosités – intimes, ectoplasmiques, cadavériques. Avec une influence des films de séries B issus des années 1950 et 1960, américains et japonais.
    Vanity Fair n° 72, Joseph Ghosn, septembre 2019
  • Mystérieux, intuitif, l’univers de Burns parle davantage aux tripes qu’à l’intellect […]. Celui-là même qui donne l’impression, en voyant la couverture de « Dédales », de sentir la texture des cheveux de Laurie, qui y figure de dos. Objet de toutes les pensées du héros, cette dernière est aussi le « sujet » de « Dédales », qui, comme « Black Hole », alterne points de vue masculins et féminins.
    Grazia n° 512, Pascaline Potdevin, 25 octobre 2019

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