Littérature

Fabrice Humbert, Le monde n’existe pas

Fabrice Humbert, Le monde n’existe pas

« Autrefois, j’avais un ami. Je l’ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d’hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C’est le souvenir le plus vivace que j’aie de lui, une impression inégalable d’éclat et de beauté. Figé sur les marches, rempli d’admiration et de honte, j’étais égaré dans ma condition de « nouveau », égaré en moi-même. Il m’a sauvé – des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors que cet homme était devenu une image détestée, j’ai tenté de le sauver. J’aurais aimé qu’on sache qui il était vraiment. »

Lorsque Adam Vollmann, journaliste au New Yorker, voit s’afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d’un homme recherché de tous, il le reconnaît aussitôt : il s’agit d’Ethan Shaw. Le bel Ethan, qui vingt ans auparavant était la star du lycée et son seul ami, est accusé d’avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l’enquête. Mais à mesure qu’il se confronte au passé, toutes ses certitudes vacillent…

Roman haletant et réflexion virtuose sur la puissance du récit, Le monde n’existe pas interroge jusqu’au vertige une société aveuglée par le mensonge, où réalité et fiction ne font qu’un.

Éditeur original : Gallimard

Critiques

  • Humbert l’oblige à réfléchir sur la place du bourreau et celle de la victime, le mensonge médiatique et les nouvelles détournées. Passant du Récit d’un naufragé de García Márquez aux scenarii d’Alfred Hitchcock, il nous donne aussi une formidable leçon de littérature, tantôt espiègle, tantôt tragique, mais toujours haletante.
    Télérama n° 3652, Christine Ferniot, 8 janvier 2020, TT
  • Humbert injecte dans son monde de légers décalages, pousse les curseurs du contemporain pour faire de son roman une dystopie hyperréaliste, qui décortique à la fois la machine à histoires médiatique et la construction intime de l’identité. Un tour de force intellectuel qui se dévore comme un polar.
    Elle n° 3864, Clémentine Goldszal, 10 janvier 2020
  • Forte, puissante, intelligente réflexion sur la réalité, vue comme une construction mentale, « Le monde n’existe pas » permet à son auteur, Fabrice Humbert, de nous bouleverser par une histoire en trompe-l’œil.
    La Provence n° 8254, Jean-Rémi Barland, 19 janvier 2020
  • C’est un polar merveilleusement retors que Fabrice Humbert construit avec « Le monde n’existe pas ». Il s’appuie sur des images communes à l’imaginaire des lecteurs […] pour mieux nous déstabiliser au fil d’une narration confiée à un homme dont on finit par ne plus savoir s’il est ultralucide ou complètement paranoïaque. Fabrice Humbert réussit, surtout, à mêler la tenue d’une intrigue au suspense constant à une réflexion extrêmement brillante sur notre rapport à la fiction et au récit.
    Le Monde n° 23382, Raphaëlle Leyris, 13 mars 2020
  • Derrière l’enquête journalistique, Fabrice Humbert signe un beau livre sur l’adolescence perdue et les souffrances enfouies.
    Les Inrockuptibles n° 1259, Sylvie Tanette, 15 janvier 2020

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