Littérature

Nina Bouraoui, Otages

Nina Bouraoui, Otages

« Je m’appelle Sylvie Meyer. J’ai 53 ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire. »
Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, solide, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle n’a rien dit, elle n’a pas pleuré, elle a essayé de faire comme si tout allait bien, d’élever ses fils, d’occuper sa place dans ce lit devenu trop grand pour elle.
Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté : elle a agi comme les autres l’espéraient. Jusqu’à ce matin de novembre où cette violence du monde, des autres, sa solitude, l’injustice se sont imposées à elle. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuite, d’un emprisonnement mais le temps de cette révolte Sylvie se sent vivante. Elle renaît.

Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.

Éditeur original : JC Lattès

Critiques

  • « Otages » est un réquisitoire contre la violence des hommes qui avancent masqués et abusent de leur pouvoir […]. Les faits, terribles, sont là, mais on en sait gré à Nina Bouraoui de laisser toujours passer la lumière, celle de l’enfance et d’un goût du bonheur plus fort que tout.
    Elle n° 3865, Olivia de Lamberterie, 17 janvier 2020
  • Nina Bouraoui a changé. Celle qui flirtait avec l’autofiction, conjuguant les souvenirs passionnés de l’Algérie de son enfance à la découverte périlleuse et émerveillée de son homosexualité, fait ici œuvre politique […]. Quand s’achève « Otages », Sylvie Meyer s’est acceptée. Et sans doute Nina Bouraoui aussi, dans ce fulgurant roman d’initiation. De transition.
    Telerama n° 3651, Fabienne Pascaud, 1er janvier 2020, TT
  • Le titre, « Otages », est à prendre au pied de la lettre. Il renvoie à une série de questions sans réponse […]. Ce monologue de l’oppression et de l’enfermement raconte aussi la très vieille histoire de la tristesse des femmes.
    La Croix n° 41608, Jean-Claude Raspiengeas, 16 janvier 2020
  • Le monologue, flux de phrases courtes où revient, de manière lancinante, l’adverbe « jamais » pour mieux signifier le vide qui troue l’existence de Sylvie, se trouve seulement interrompu par les mots du patron, qui ne sont qu’ordres, invectives et humiliations. « Otages » est un cri sourd contre toutes les formes d’aliénation et de domination.
    L’Obs, Elisabeth Philippe, 14 février 2020
  • Le texte de Bouraoui participe à cette profonde remise en question des clans, des castes et des droits acquis qui définissent la France, encore aujourd’hui […] « Otages » est un texte qui décape la France d’aujourd’hui avec de l’acide. Et qui, une fois le squelette mis à nu, gratte l’os avec une lame bien affûtée…
    La Presse, Nathalie Collard, 16 février 2020, ***1/2

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