Kansas, 1945, la paix n’arrange pas tout le monde. Jack a quinze ans, une mère qui tapine, un beau-père en taule, un passé inimaginable — entre violences et vices — et surtout un rêve : échapper à la misère en s’engageant dans l’Armée. Lui aussi veut dézinguer du Jap, connaître la gloire et s’envoyer en l’air. De Wichita à Shanghai, de l’Allemagne à la Corée, Jack trimballe un désir infini au cours d’une odyssée existentielle où, gifle comme caresse, tout est bon à prendre, du moment que ça laisse des traces.
Avec sa voix de prolétaire, rauque et fougueusement explicite, Earl Thompson [1931 – 1978] a écrit un livre aux bords tranchants, aussi honnête qu’inoubliable. « Tattoo » est un immense roman d’apprentissage qui doit autant à Nelson Algren qu’à Edward Hopper. C’est le portrait poignant d’une destinée où les estropiés de la vie, ceux du mauvais côté de la barrière, échouent systématiquement à atteindre le bon. Une œuvre qui transpire le vrai, où solitude et folie sont chevillées aux corps en sueur et aux âmes torturées, et où la dignité et l’envie de s’en sortir ne sont jamais des options.
Éditeur original : G. P. Putnam’s Sons
Éditeur français : Monsieur Toussaint Louverture
Critiques
- Thompson est capable de ces éclats, d’une originalité imparable, qui vous font continuer la lecture.
Libération, Philippe Garnier, 6 décembre 2019 - Ce roman-fleuve dérange autant qu’il fascine. Œuvre massive et compacte (plus de mille pages d’une écriture rêche, pulsant sur un rythme soutenu), « Tattoo » frappe d’abord par son réalisme quasi naturaliste, d’une noirceur absolue (on songe au Nelson Algren de « A Walk on the Wild Side », dans une version Midwest revue et corrigée).
Rolling Stone n° 121, Philippe Blanchet, janvier/février 2020 - « Un jardin de sable » se présentait comme un roman de l’enfance plus ou moins autobiographique, grouillant de foutre, de défaites et de rabelaiseries. « Tattoo » prend sa suite directe, et le projet gagne en ampleur. Cette fois, à nous deux le monde !
Le Nouveau Magazine Littéraire n° 26, Fabrice Colin, février 2020, 4/5
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