Au Nigéria, dans la cosmologie igbo, lorsqu’un enfant est dans le ventre de sa mère, il est façonné par des esprits qui déterminent son destin. Mais à la naissance de la petite Ada, les portes entre le monde des humains et celui des esprits se sont temporairement ouvertes, le temps pour ces derniers de s’immiscer dans le corps de la fillette et de s’y trouver bloqués. Un pied dans le monde des vivants, un pied dans le monde des esprits, Ada va ainsi grandir envahie par un cortège de voix qui vont se disputer le contrôle de sa vie, fractionnant son être en d’innombrables personnalités.
Mais lorsque Ada quitte son berceau géographique pour faire ses études aux États-Unis, un événement traumatique d’une violence inouïe va donner naissance à un nouvel esprit, beaucoup plus puissant, beaucoup plus dangereux. Ce nouveau «moi» prend possession d’elle et se nourrit de ses désirs, de sa colère et de sa rancœur. La vie de la jeune fille prend alors une tournure de plus en plus inquiétante, où la mort semble devenir une séduisante échappatoire.
Ce premier roman à la force narrative enivrante donne à voir une version profondément originale des troubles de la personnalité. Avec une assurance rare et une énergie dévorante, Eau douce explore les abysses de l’être, pose un regard incisif sur les questions d’identité, de sexualité, de folie et d’acceptation de soi, et sonne l’émergence d’une nouvelle voix littéraire, unique et audacieuse.
Éditeur original : Grove Press
Éditeur en français : Gallimard
Critiques
- D’une écriture tendue mais toujours sensible, Emezi esquisse un roman d’apprentissage hors norme. […] Dans ce superbe roman paru en 2018 aux États-Unis, Akwaeke Emezi pulvérise les « concepts inadaptés de masculin et de féminin » en même temps que notre fantasme d’unité.
Telerama n° 3658, Youness Bousenna, 19 février 2020, TT - Eau douce, de l’écrivain(e) nigérian(e) Akwaeke Emezi, arrive en France après avoir bousculé le monde littéraire américain. Ce n’est pas un livre comme les autres: il a libéré son auteur(rice) de ses troubles intérieurs, libéré ses lecteurs des normes sociales, sexuelles et psychologiques traditionnelles et il libère encore d’une réalité dont Emezi a découvert qu’elle était façonnée par la colonisation. Rien que ça.
Society n° 124, Stéphane Régy, 6 février 2020 - Selon la manière dont on décide de l’aborder, « Eau douce » peut se lire comme une histoire de possession, une fable d’envoûtement, ou un roman psychiatrique sur les troubles de la personnalité. […] Akwaeke Emezi est une écrivaine transgenre, qui s’est choisi un pronom neutre et multiple (« they » en anglais, « ils » en français). Inspiré de son histoire, « Eau douce » est un roman comme on en lit peu, il invente une narration pour dire la souffrance psychique, en faisant appel à la sagesse africaine ancestrale. Un coup de poing littéraire et spirituel.
Elle n° 3870, Clémentine Goldszal, 21 février 2020
Comment here